Je m’appelle Alexy, et il y a quelques années, ma vie a basculé. Lentement, silencieusement, quelque chose en moi s’éteignait.
Tout a commencé par de simples maux de tête. Un poids constant, écrasant, à l’arrière du crâne. Rien de spectaculaire. Mais jour après jour, je mangeais de moins en moins. Puis plus du tout. Mon corps fondait à vue d’œil. À 23 ans, je pesais à peine 40 kilos pour 1m80. Je vomissais chaque matin comme si mon corps refusait de continuer. Je m’endormais à 19h, épuisé par une fatigue qui n’avait rien de naturel.
On pensait à des troubles gastriques. J’ai vu des spécialistes, fait des examens. On me prescrivit une IRM, plus par principe que par inquiétude. Le premier résultat ne révéla rien. Et pourtant, j’avais mal. J’étais au bord du gouffre, mais je tenais, en silence. Quand le médecin me demanda si j’avais d’autres symptômes, j’osai enfin dire : « Oui, j’ai des nausées, tous les jours. »
Alors une nouvelle IRM, cette fois de la tête. Et là… une tâche. Inconnue. Suspecte.
Tout s’enchaîne. Urgences. Mes parents foncent à l’hôpital, affolés. Une nuit interminable à attendre, les yeux grands ouverts, dans une pièce blanche et froide. Le fait de devoir rester, seul, dans une chambre pour la nuit tandis, que mes parents, eux, prenaient le chemin du retour. Le lendemain, ma maman me rejoint, transfert à Bordeaux, au CHU Pellegrin. Là, un spécialiste m’annonce la vérité : une tumeur au tronc cérébral. Elle compresse déjà ma moelle épinière. Il ne reste que trois millimètres. Trois. Avant la paralysie. Ou la mort.
Le monde s’est figé et les larmes ont coulées …
L’opération est inévitable. Dix heures au bloc. Une bataille que je n’ai pas vue, mais que mon corps a encaissée. Un jour en réanimation. Sept jours d’hôpital. Vingt-deux agrafes derrière la tête. Quatre points au front. Deux autres au-dessus de l’oreille gauche. Quand on connait, pourquoi autant de plaies, cela glace le sang. Les spécialistes ont aspirés l’eau autours de la tumeur par l’ouverture au front, fixé ma tête par l’ouverture au dessus de l’oreille gauche.
Je suis rentré, cabossé, mais vivant. Une longue rééducation s’est dessinée.
Aujourd’hui, je vais bien. Non, même mieux : je revis ! J’ai repris du poids, j’ai repris des forces. Je suis à 65 kilos, debout, souriant, reconnaissant. Les contrôles sont rassurants. Aucun signe de rechute. Aucun nuage à l’horizon. On espace de tous les ans à tous les deux ans désormais. Un soulagement. Une fierté.
Je n’ai pas combattu seul. Mes parents, ma famille, mes amis, le personnel soignant du CHU Pellegrin, mes collègues, inconnus : tous ont été là. Présents, solides, aimants.
Je suis passé si près du vide. Trois millimètres. Mais j’ai tenu bon. Une étoile était au dessus de moi. Elle brillait et brillera encore longtemps.
J’écris, je compose ces phrases les yeux lourds, les yeux pris, les yeux coulant d’émotion, de bienveillance, de remerciements.
Et aujourd’hui, je suis fier.
Fier d’être là. Fier d’avoir survécu. Fier d’avoir vécu.
Une composition d’Alexy